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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/167

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« Mes raffinements » ; l’autre : « Mes ancêtres ». Ou bien c’était : « Ma chevalerie », « Ma spiritualité », « Mon culte de la Pensée pure », « Ma poésie », « Ma religion des divines inutilités », « Les charmes de la vie », « La subtilité », « Le panache ». Et son échine frissonnait encore de s’être allongée un soir dans le lit d’un roi au souvenir flamboyant qui y avait, trois cents ans plus tôt, épousé sa famille. Toutes ces sensations tourbillonnèrent en lui l’espace d’un instant. Presque en même temps, un souffle frôla sa joue, il respira des cheveux parfumés, et une voix à son oreille chuchota :

— Chouchou…

Ce nom le foudroya. Jusqu’ici Fanchette ignorait qu’on l’appelât ainsi. C’était un peu le monopole de madame Martin d’Oyse dont ce touche-à-tout de Cécile avait aussi abusé. Il s’en fâchait, il le répudiait comme un ridicule. Il se prétendait diminué sous ce vocable poupin. Mais jamais il n’avait entendu ces syllabes tendres et si intimes passer sur les lèvres d’une femme aimée. Ce fut comme un mot neuf, un nom jamais entendu, la substance et le goût de son âme dans la bouche même de Fanchette. Son