Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/19

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ne paraissait pas plus de cinquante ans, bien que son fils aîné qu’il s’était associé, M. Élie Martin d’Oyse, en eût trente. Il eût porté à ravir l’habit à la française qui aurait souligné ses reins cambrés et ses flancs minces, comme le tricorne aurait avantagé sa tête grise aristocratique.

Marthe Natier vint à lui, mais on ne pouvait échanger deux mots dans le roulement de tonnerre ininterrompu qui régnait ici. Le bruit vous remplissait les oreilles, puis semblait en outrepasser la contenance et vous couler dans l’être entier. Les lèvres de Marthe remuèrent et, d’un geste, elle pria son patron de la suivre.

Quand ils contournèrent la pelouse au cèdre, après avoir aspiré le silence du dehors quelques secondes, elle dit :

— C’est votre avocat, monsieur Bonel, qui vient de me téléphoner.

La figure de M. Martin d’Oyse ne changea pas d’une ligne. Il garda son sourire amène et courtois et demanda :

— Vous a-t-il appris des nouvelles, mon enfant ?

— Oui, monsieur, il m’a appris des nouvelles.