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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/222

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Passé qui nourrit votre vie intérieure, je viens de l’entrevoir sous la parole de votre père, Chouchou ; nous autres, nous n’avons pas de passé, nous n’avons pas une histoire de famille immémoriale qui nous situe à la fois dans plusieurs siècles. Les Martin d’Oyse sont de l’essence d’humanité, ils sont le dernier mot de l’homme accompli. Nous autres, les Alibert, nous restons encore dans la fougue de la vie matérielle. Chouchou, pardonnez-moi d’avoir souri de votre idéalisme. Votre idéalisme est une réalité plus absolue que nos capitaux et que nos machines. Il est le règne de l’esprit. S’il n’y avait pas d’Alibert, le monde serait peut-être moins riche et moins bougeant. Mais si les Martin d’Oyse disparaissaient, il cesserait d’être beau. Il me semble que je le comprends, et je sais pourquoi. Chouchou, c’est que je vous aime

Élie, durant toute la discussion, avait écouté sa femme et son père et n’avait placé qu’un mot. Il était taciturne, distrait, lointain. Quand Cécile vint le prendre à l’épaule en lui demandant : « Vous voulez que nous montions ? » il sursauta, la suivit sans desserrer les lèvres.