Aller au contenu

Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans l’espace, désignant le ciel et enjoignant à monsieur de regarder.

Il y avait en effet dans le couchant dore du crépuscule d’avril, au-dessus de la ligne du chemin de fer, là-bas, le vol rectiligne d’un oiseau noir qui semblait arrivera toute vitesse ; en même temps on commença d’entendre, lambeaux de bruit déchirés et balancés par le vent, les rafales d’un moteur. Le cocher, agité sur son siège, ne se possédait plus. Il murmurait :

— Deux sous que c’est monsieur Philippe qui vient nous surprendre !

L’avion grossissait. On distingua la double membrane du biplan. Puis le fuselage s’inclina : il descendait.

« Ce diable de Chouchou ! » pensa M. Martin d’Oyse.

Philippe, son second fils, qu’on avait surnommé Chouchou parce que, assez délicat jusqu’à dix ou douze ans, on l’avait excessivement gâté, volait depuis deux ans pour le compte d’un grand constructeur. L’aviation avait été pour lui une passion irrésistible, et comme il était bon poète, après chaque vol il écrivait un petit rondel. Toute sa vie était là. Il volait pour le plaisir, pour la