Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/24

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autant de troncs puissants et sans branches qui eussent dépassé les autres arbres. Même, quand la voiture eut commencé de gravir la route montante qui escaladait le coteau, on aurait pu apercevoir à deux ou trois kilomètres plus loin, sur la rivière, les établissements du tissage Taverny. M. Martin d’Oyse alluma un cigare et s’enferma dans sa rêverie, mais il n’eut pas un regard pour l’usine de l’adversaire. Voici trente-deux ans que chaque soir il faisait ce trajet avec le même contentement, en songeant qu’il allait retrouver là-haut sa belle Élisabeth. En dépit de soucis accablants, la vie de cet homme était pleine de douceur. Il était éternellement amoureux de madame Martin d’Oyse. Ce roman conjugal, qui avait débuté par un coup de théâtre, n’aurait de fin que dans la mort. Et quand, ce soir, la façade rouge du château des Verdelettes apparut avec les poivrières de ses deux tourelles de flanc, parmi les sapins du parc, l’idée du sourire qui l’attendait dans le petit salon combla d’aise le gentilhomme.

Cependant il fut distrait par le geste du cocher qui agitait le manche de son fouet