Aller au contenu

Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

glissait sous les draps de son petit lit de garçon, les yeux déjà clos à demi par le sommeil. Mais il se trompait s’il pensait dormir sur-le-champ. Il avait compté sans Fanchette. Les souvenirs de leur idylle se précisaient devant lui dans leur pleine lumière d’été. Il la revoyait comme une mince dryade, pleurant contre le tronc d’arbre. Aujourd’hui Philippe se demandait comment, au nom d’une psychologie spécieuse, en raffinant sottement sur la passion, il avait pu la repousser. Une seule chose était vraie : l’amour. Cette seule raison était certaine.

Sa porte s’ouvrit doucement. Une voix interrogea :

— Dors-tu, Philippe ?

C’était Élie. Chouchou tourna le bouton électrique, et lui vit les traits tout altérés. Il demanda ce qu’il y avait. Le grand frère, sans répondre, prit une chaise et s’assit près du lit. Il contempla longtemps la brune tête de son cadet, son profil aigu enchâssé dans la blancheur de l’oreiller, ses yeux ardents tapis sous l’arcade sourcilière. Puis il lui dit :

— Je crains que tu ne sois amoureux de Fanchette Alibert.