Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/259

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femme est trop lointaine. Il faut aimer une femme de sa race. Les autres on ne les étreint jamais complètement. On croit les tenir entre ses bras, elles sont à cent lieues de vous. Moi, je traîne une étrangère à mes côtés.

— Mon pauvre vieux, dit Philippe, tu l’aimais tant, ta Cécile !

— Ne dis plus ma Cécile : je n’ai plus de Cécile. Depuis que les Alibert sont venus chez nous, naturellement, spontanément elle retourne à sa tribu. Tous les efforts que j’ai tentés pour l’initiera nos sentiments, à nos pensées, à notre conception de la vie, sont balayés par la puissance de son instinct qui l’emporte vers ceux de sa race. Comprends-moi, Chouchou, ce n’est pas une jalousie vulgaire que je ressens : Cécile ne me trahit pas brutalement. Mais je l’ai lassée à la fin en lui parlant sans cesse une langue qu’elle ne comprend pas. Alors il lui est doux de retrouver les siens. Tout ce qui sépare les Alibert des Martin d’Oyse, me sépare de ma femme. D’eux, au contraire, elle est si près ! Elle n’est plus à moi, Chouchou !

Il s’effondra en pleurant sur le lit de son