Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/284

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devant le matériel humain, dont la volonté assujettie pouvait, selon ses soubresauts, faire ou défaire leur fortune, la tendre émotion qui étreignait à chaque instant le cœur des Martin d’Oyse. Un sentiment puissant liait ceux-ci à leurs ouvriers. C’étaient, pour beaucoup, les enfants de ceux qui travaillaient déjà chez M. Béchemel il y a trente ou quarante ans. Une sorte de douce féodalité s’était établie. M. Xavier s’émouvait devant les femmes qui avaient à peiner trop dur. Il connaissait le nom de toutes, leur famille, le nombre de leurs enfants. Leur moralité le préoccupait. Il était plein de désirs impuissants devant la pauvreté sordide de leur vie qu’il aurait voulu transformer, et elles, non. Il les aimait tous, vieux et jeunes, hommes, femmes et enfants, pour ce qu’ils concouraient si docilement à sa besogne. Les Alibert, eux, voyaient simplement des machines vivantes envers qui leur dignité commandait de se montrer équitables. Et c’était à Samuel qu’échoyait aujourd’hui la chance unique de leur parler dans une minute d’enthousiasme. M. Martin d’Oyse savait bien ce qu’il aurait dit, lui ! Son cœur débordait. Il aurait profité de ce renouveau