Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/290

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pour s’assurer que les cousins riches venaient de mentir. Mais il était trop tard. Ils avaient, en quatre mots, dressé inexorablement devant lui l’image du vieux marchand de bestiaux, grand, un peu voûté, sec, les yeux bleus bridés, le visage tailladé de rides, le menton rasé, l’air fin et dominateur. Tel Élie l’avait vu à son mariage, tel il le revoyait là, debout au berceau de l’arrière-petit-fils qu’il venait d’avoir et qu’il revendiquait à son tour, autant que les autres ancêtres, ceux de la galerie du salon. Et il fallait bien en convenir, le bébé aux traits informes portait en lui quelque chose d’intraduisible qui l’apparentait à l’aïeul des Alibert.

Ce fut pour Élie un moment de trouble extrême. Son visage se décomposait. Il lui semblait qu’on venait de lui enlever son fils. Le bébé pourtant était là, dans les bras de la garde, ouvrant avec fixité les olives luisantes de ses yeux sans paupières. Il le scrutait cruellement, comme un père jaloux qui cherche dans une ressemblance une origine suspecte. Alors c’était un Alibert, cet enfant ?

Ses associés venaient de lui en donner la révélation brutale. Même si ce jeu puéril de