Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Moi, dit Élie, jusqu’à présent, je le voyais surtout très Martin d’Oyse.

Cécile se tut. Au bout d’un instant, Élie, qui s’absorbait dans ses pensées, vit cependant qu’elle ne riait plus, et que de grosses larmes roulaient le long de ses joues, sur ses lourdes tresses d’or. Il sursauta :

— Je vous ai fait de la peine ? Qu’ai-je dit, donc ?

Elle ne répondait pas, s’essuyait les yeux en silence. Élie la regardait, ravagé de voir dans un tel chagrin la joyeuse Cécile, qui ne pleurait jamais. Il voulut caresser son front, le baiser, mais elle le repoussa :

— Comme vous méprisez ma famille ! finit-elle par soupirer. Cela vous a donné un soufflet que mes cousins déclarassent que ce pauvre petit tenait des Alibert. Mais si c’est votre enfant, c’est le mien aussi. Je serais enchantée qu’il ressemblât aux Martin d’Oyse, mais vous n’empêcherez pas que je me sois mise en lui, moi et ma race. On sent bien, vous savez, tout ce qu’on donne de soi à son enfant, tout ce qu’on lui infuse. Eh bien, vous, Élie, vous révoquez ce qu’il y a de moi dans ce bébé. Il est tout diminué à vos yeux d’être ma chair, ma vie, et de pou-