Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voir posséder la nature que j’ai prise dans cette race Alibert, dont j’ai bien droit d’être fière, il me semble. Comment m’aimez-vous donc, Élie ?

Elle affolait Élie, qui se voyait impuissant à la calmer. Il suppliait :

— Vous allez vous faire monter la fièvre. Elle le stupéfiait, le déconcertait comme une femme nouvelle qui serait née en même temps que l’enfant. Qu’il l’aimait ainsi ! Et ce qu’il aimait, c’était Cécile Alibert avec toutes les singularités de sa tribu, avec ce qui le heurtait, le choquait, l’irritait parfois, mais de quoi était cependant faite cette belle et saine créature aux vues directes, aux claires idées, à la conscience simple, à l’énergie pratique. Il le lui dit :

— Ma femme adorée, je chéris tout ce qui est en vous. Je vous aime Alibert et pas autre et j’aimerai dans l’enfant tout ce que vous aurez mis en lui de vous.

— Ce n’est pas vrai, reprenait Cécile dont la sensibilité s’exaspérait. Vous détestez ma famille ignorante des chimères, ma famille terre à terre qui vit de réalités et dont l’activité se nourrit de substance comme un bon feu qui brûle de bonne houille et non de