Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/299

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dernier mot de la lettre résonnait perpétuellement en elle comme si quelqu’un lui avait parlé à l’oreille. Et tout son être répondait : « Moi aussi je vous aime, Chouchou. » Mais Philippe ne demandait pas de réponse. Il disposait de leurs deux cœurs, impérieusement. Elle ignorait si, parmi tant de blessures, son orgueil à elle était atteint. Pourtant sa dignité lui interdisait de parlementer, de discuter. Elle saurait se taire.

Un matin où elle avait gagné le creux de la vallée par un sentier lointain, voisin du tissage Taverny, et où elle suivait le cours de la claire Aubette, elle entendit de longs coups sourds ébranler l’atmosphère. De loin, on aurait dit, plus secs et comme exaspérés, les éclatements réguliers de la machine à vapeur. Fanchette fut prise de curiosité et pressa le pas. Le bruit venait de la filature. Mais non, en approchant davantage, elle se rendit compte qu’il était produit en avant, en plein air. Et bientôt elle vit de la poussière voler par-dessus la cime des arbres. Un échafaudage entourait la maison de Nathalie. Des maçons tout blancs circulaient autour du toit crevé, et deux d’entre eux, s’acharnant avec leur pic sur la brèche déjà faite,