Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lement à l’étouffer. Depuis que je vous ai revue ce soir de décembre, aux Verdelettes, je vous porte en moi, vous m’anéantissez. Mais, j’en demeure toujours plus certain, il me serait meilleur de mourir que de voir notre amour s’avilir au contact de nos deux natures disparates.

» Seulement, il ne faut pas me haïr, Fanchette, souvenez-vous-en toujours. Aujourd’hui, demain, peut-être même dans la mort, je vous aime ».

Voilà ce que Fanchette allait relire tous les jours dans les bois, dans les chemins creux, au revers des talus, parfois dans la vallée, sur le chemin bordé de saules que rafraîchissait la rivière près de l’usine grondante. Elle reprenait la lettre d’un bout à l’autre et sa peine y trouvait un horizon nouveau, une terre nouvelle où elle respirait avec délice. Bien qu’elle y vît le tombeau de tout espoir et malgré la fin angoissante de cette missive à la Werther, Fanchette s’en nourrissait, s’en abreuvait, insensible à tout ce qui n’était pas le grand cri d’amour jaillissant de ces lignes. Philippe l’aimait encore. Tout était là.

Souvent elle pensait à lui écrire aussi. Le