Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/32

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voûte de l’arcade sourcilière, comme des aigles derrière un rocher.

— Je sais tout cela comme vous, papa, et il y a longtemps que je l’ai écrit. Mais ce soir j’ai besoin de désobéir. J’ai fait deux cents kilomètres, j’ai dû monter à mille huit cents mètres dans l’air, je suis descendu dans la prairie, chose peu facile, croyez-moi, pour dormir cette nuit sous le baldaquin aux colonnes cannelées. J’ai quelque chose à écrire là-dessus. Ce quelque chose, je le possède, je le sens, j’en suis imprégné, mais ça ne sortira que quand je me serai allongé toute une nuit dans le creux légendaire qu’il a laissé pour nous au fond de ce lit mystérieux. Quoi ? Je ne suis pas un goujat, je ne suis pas un rustre. Je ne m’y coucherai pas tout éperonné ; d’ailleurs, je n’ai pas d’éperons. Et, Dieu me pardonne, si vous me permettez de m’y endormir ce soir, j’y mettrai, j’imagine, plus de dévotion que les locataires ordinaires.

— Oh ! ce Chouchou ! fit Cécile avec un bel éclat de rire.

— Au fait, il a raison, reprit le grand frère. Chouchou n’est pas un candidat vulgaire, ce n’est pas un profane. Je ne vois