Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/31

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— Et vous savez, Chouchou, dit avec une moue la jeune bru, Cécile, qui tenait toujours sa traîne d’amazone contre son buste de déesse, on n’y est pas si épatamment que cela dans la chambre de Henri IV. Les matelas ont beau ne pas servir souvent, ils ont vieilli.

Le mari se mit à rire :

— Allons, Cécile !

— On me refuse donc cette grâce ? dit Philippe avec mauvaise humeur.

— Mon enfant, dit M. Martin d’Oyse, tu connais comme moi la tradition de la famille touchant cette chambre. Les traditions sont des lois discrètes et craintives, qui n’obligent sous nulle peine réelle ou apparente, qui ne s’imposent qu’avec timidité. Mais on est récompensé de leur obéir, car elles accroissent la vie des individus en la faisant participer de celle de toute leur lignée. Ce sont les traditions qui font revivre le passé dans l’avenir, et les morts meurent plus qu’ailleurs dans une famille sans traditions.

Chouchou arracha par la pointe son passemontagne qui lui gratta les joues, et sa tête fine et chevelue de poète apparut. Il avait des yeux bleus profonds, à l’affût sous la