Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui est la plus belle du pays, par ces constructions ignobles ! La nature a pris elle-même la peine de dissimuler par une poussée de verdure plus luxuriante qu’ailleurs les laideurs de l’industrie, aux bords de la rivière. Des peupliers gigantesques se sont élancés en ronde autour des cheminées de brique pour en atténuer la sécheresse et ainsi, vues du plateau, les usines du creux de la vallée n’apparaissent que drapées de pittoresque et sans la moindre indécence. Et vous, messieurs, vous voudriez déchirer ce manteau ? Vous voudriez déraciner ces beaux arbres, mettre à nu le coteau, et y étaler l’horreur de ces façades régulières, sur deux cents mètres, c’est-à-dire détruire l’incomparable charme de cette vallée, en tuer toute la poésie ? Jamais vous ne ferez cela. Je m’y oppose.

Les Alibert le regardaient fixement. Ils mettaient de la bonne volonté à essayer de le comprendre, et, ne parvenant pas à sentir comme lui la divine importance de la beauté, ne se fâchaient pas cependant contre ses conceptions qu’ils jugeaient nobles. Samuel dit doucement :

— Ces maisons ne sont pas laides. Ce