Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/351

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murmura-t-il. Tant de dévouement, tant de loyauté dans l’amitié, et cette impossibilité de se comprendre entièrement !… Ce mystère des races !… Je vous aimais, amis bienfaisants. Votre tranquille bonté me charmait, et le souvenir du service rendu ne me quittait pas un instant. Je crains qu’il ne m’accable aujourd’hui. Doutez-vous de notre reconnaissance ?

— Non, dit Samuel ; pour toute question du cœur et de l’esprit, qui pourrait douter de vous ?

Et M. Martin d’Oyse les embrassa.

Les Alibert laissaient au château Fanchette, que Philippe épouserait le mois suivant. C’était le meilleur gage de leur fidélité. À l’heure dite, ils montèrent en voiture. Ils revêtirent le suroît et les lunettes. Sam prit le volant, et l’auto glissa sur le sable mouillé.

Ainsi partaient, après leur œuvre accomplie, les dieux nouveaux qui avaient quelque temps prêté à la race noble l’instrument de leur génie. Les dieux étrangers savent s’arracher en temps opportun à ceux qu’ils veulent servir, pour que l’hommage du regret s’ajoute à celui de la reconnaissance.