Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vraiment eux-mêmes que dans leur minoterie. Ils font corps avec leurs sacs de farine, avec leurs décortiqueuses, leurs meules, leurs machines. C’est comme un musicien marié à son instrument. On a l’impression que c’est leur propre force qui met tout en branle. Ils existent pour faire de la farine : un point, c’est tout,

— Moi, dit Élie câlinement, j’existe pour vous aimer.

— Eh ! je sais bien ! et Cécile, tout en parlant, repoussait de la main Élie qui avait rapproché d’elle son fauteuil de bureau. La grande affaire pour vous, c’est l’amour. Je ne m’en plains pas, certes. J’aime être aimée comme cela. Mais j’ai des minutes de lucidité où je vois que vous perdez un peu le nord, mon pauvre Élie. C’est ce qui me fait dire que vous êtes vraiment effrayants dans votre famille. Ainsi, on vous apprend ce soir que vous allez perdre un procès qui va achever de vous endetter jusqu’à la ruine, et vous vous préoccupez tranquillement de l’énormité qu’il y a de laisser Chouchou dormir dans la chambre de Henri IV !

— Voulez-vous que nous pleurnichions