Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/69

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directeur idiot qu’on a embauché cette après-midi. Enfin, c’est moi que monsieur Xavier a chargée de le mettre au courant.

— Il te considère beaucoup, ma fille. Mais si tu es bien vue de lui, aujourd’hui, c’est un peu en souvenir du service que j’ai pu lui rendre autrefois, alors qu’il avait vingt-cinq ans lui aussi.

Les deux femmes s’attablèrent devant la soupe fumante. La fenêtre ouverte laissait plonger les yeux sur les plates-bandes où pointaient les petits pois et le feuillage en dentelle de la jeune carotte. Des narcisses jaunes émergeaient en touffes, çà et là, d’un faisceau de dards brisés. Leur parfum sucré devenait, aux approches de la nuit, violent et capiteux. Marthe rêveuse essayait d’imaginer le jeune homme qu’avait été M. Martin d’Oyse, quand la vieille Nathalie était une jeune fille rose et fraîche, toute pareille à la Marthe d’aujourd’hui. Ni M. Philippe l’aviateur, ni M. Elle qui ressemblait à sa mère, n’en pouvaient donner une idée. L’imagination de Marthe devait peindre seule ce portrait idéal de jeunesse. Et, voyant la vieille prête à recommencer pour la centième fois l’histoire du roman merveilleux