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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/105

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Elle était mal vêtue, pâle, la mine souffrante, avec cet air halluciné des joueuses. À l’aspect du grand homme, elle fut prise d’un accès de dévotion, joignit les mains :

— Oh ! maître, que vous êtes bon de m’avoir reçue !

Très froid, Fabrezan la fit asseoir :

— Madame que désirez-vous ?

Alors, sans aucun de ces longs préambules fréquents aux femmes, l’esprit merveilleusement assoupli à ces discours, habituée aux hommes d’affaires pressés et impatients, elle commença l’histoire de sa créance :

— Maître, il y a quinze ans, un homme prêtait dix mille francs à l’un de ses amis. Plusieurs années se passèrent sans qu’il fut remboursé. Sept ans plus tard, la femme du prêteur demanda la séparation de biens, qui lui fut accordée. Cependant le mari, dont les affaires périclitaient, se vit dans l’impossibilité de restituer à sa femme ses apports et eut recours à la créance de dix mille francs pour parfaire cette restitution de la dot. Cette femme était une tante à moi, maître. Elle mourut l’année dernière. J’en héritai. Lorsque j’eus en main la créance, j’en réclamai le paiement, mais le débiteur, directeur d’une société en commandite, produisit une lettre prouvant que la dite société était débitrice pour quatre mille soixante-quinze francs sur la somme. Or cette société est en faillite…