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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/11

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de son petit-fils dont elle était démesurément orgueilleuse.

— Où çà ? où çà ?

André Vélines pencha vers elle sa haute taille :

— Au bas de l’escalier du tribunal civil, là-bas… Et c’est Fabrezan-Castagnac, le grand Fabrezan, le bâtonnier, mon ancien patron, qui gesticule auprès d’elle.

Ainsi dirigés, les regards de la vieille dame rencontrèrent parmi le flot des hommes noirs au rabat blanc le couple bizarre : le célèbre maître du barreau, à la forte tête classique encadrée de favoris blancs, et la blonde stagiaire, frêle, fine et rose, la toque en équilibre sur sa chevelure dorée, qui, d’un geste enfantin, faisait sauter entre ses doigts l’extrémité de son épitoge.

— Eh bien ! grand’mère ?…

Un peu laid, le visage osseux, ce grand garçon, rasé comme un Romain, respirait la santé, la puissance, la franchise. Pourtant, à ce moment-là, il semblait timide, anxieux, suspendu aux lèvres de l’impérieuse aïeule qui allait formuler sa critique sur la jeune fille lentement examinée.

Madame Mansart laissa tomber le face-à-main sans rien dire.

Alors lui se remit à contempler là-bas Henriette Marcadieu qu’il aimait. Il haletait de passion, de tendresse. Contre la serviette de maroquin cachée par sa large manche, son cœur eut de longs soubresauts. La chère petite stagiaire ! pouvait-on