Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/12

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ne pas l’admirer ? Il se redressa, demanda hardiment :

— Comment la trouvez-vous, grand’mère ?

La vieille dame repartit, nerveuse :

— Jolie, certes ! Mais quelles singulières créatures que ces femmes-là !

Les quatre battants de la porte vitrée, s’ouvrant perpétuellement, laissaient entrer à chaque minute de nouveaux groupes d’avocats. Le tapage devenait assourdissant. Quand l’horloge marqua deux heures dix, à l’extrémité de la salle des Pas-Perdus, le tambour capitonné de cuir vert de la première chambre du tribunal, où se jugeait un grand divorce, dégorgea une troupe d’hommes mal vêtus et de femmes en toilette qui envahirent le hall : c’était une tardive suspension d’audience.

André Vélines et sa grand’mère, entraînés par l’ample mouvement général de va-et-vient, reprirent leur piétinement. Fabrezan et mademoiselle Marcadieu venaient en sens inverse : ils se croisèrent sous le monument de Malesherbes. Madame Mansart, qui se piquait d’instruction, en déchiffrait péniblement inscription latine, et, goûtant fort cette sobre glorification de l’avocat d’un roi, ne vit ni la petite stagiaire ni l’envolement majestueux qu’eut la manche du bâtonnier lorsqu’il les frôla au passage. Mais Henriette Marcadieu et André Vélines s’étaient souri.

— Grand-mère, fit le jeune homme, qui avait