Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/110

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Elle avait levé sur lui, avec un air soudain de fermeté, ses beaux yeux de brune.

— Pourquoi ?… Vous aimez encore votre mari ?

— Oh ! l’aimer… c’est-à-dire qu’il est toujours mon mari… Je suis très religieuse, monsieur. l’Église catholique n’admet pas le divorce. Cependant enhardie, elle s’informa de l’appui qu’elle pouvait attendre de la loi. N’y avait-il pas moyen d’obliger le père à subvenir au moins aux besoins de la petite ? Et elle raconta comment sa pauvre dot avait été mangée, à l’exception de huit obligations de cinq cents francs chacune, qu’elle avait négociées, depuis le départ de monsieur Faustin, à perte, pour vivre.

— Il y a un an de cela, finit-elle tout bas, très humblement, et, malgré toute mon économie, j’en arrive aux derniers billets de cent francs… Mais, madame, s’écria le vieil avocat, votre mari vous doit une pension alimentaire ! La loi peut le contraindre à vous la payer. C’était immédiatement qu’il fallait engager une action judiciaire : pourquoi vous y prendre si tard quand vos ressources sont épuisées ?

Elle était devenue très rouge. Son extrême distinction de jeune femme du monde contrastait avec cette confession de misère. Elle dit.

— Oh ! monsieur, il me répugnait tant de lui réclamer de l’argent, de vivre à ses crochets… ! J’ai tout tenté avant de recourir à lui. Je comptais follement pouvoir me tirer d’affaire seule. J’ai pris