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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/111

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un minuscule appartement où je fais moi-même le ménage. J’ai voulu donner des leçons ; mais je suis peu instruite et n’ai même pas mon brevet simple. J’ai essayé d’entrer dans l’administration des Postes, mais j’avais dépassé la limite d’âge. La dactylographie me plairait ; mais je ne sais comment l’apprendre, ni surtout comment l’utiliser quand je la connaîtrai. Mon père est mort, je n’ai plus de famille. Le moment approche où je ne pourrai plus même payer mon terme. Alors je suis bien forcée d’en arriver à ce que, dans ma fierté, dans ma révolte des premiers jours, j’avais dédaigné.

— Mais, madame, il est de toute équité que votre mari se charge de votre entretien, de celui de son enfant !

Elle frissonna :

— Oh ! que j’aurais voulu échapper à cette nécessité !… Je vous assure, monsieur, que si je n’avais pas ma fille…

Ses yeux de patricienne, qui exprimaient tant de noblesse, se levèrent sur l’avocat avec une désolation indicible, et, jolie, bien faite, saine, vigoureuse, elle demeurait pourtant un pauvre être pitoyable, naufragé dans la vie, sans une force, sans une arme, dépendant toujours de l’homme indigne qui l’avait martyrisée.

Et Fabrezan l’encourageait en vain : elle restait anéantie, ayant presque espéré, en venant ici, que le grand homme lui donnerait quelque