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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/135

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De bonne heure ils partaient ensemble pour le Palais, la grouillante cathédrale dont le voisinage travaillait sans cesse leur imagination de juristes. Quelques pas pour traverser la place Dauphine, et ils étaient rendus au vaste escalier neuf dont la blancheur se détache crûment sur la grise façade. On connaissait bien maintenant ce beau couple si uni, si amoureux que l’un n’apparaissait jamais sans l’autre ; et comme c’était pour les deux jeunes gens un moment de détente après la matinée laborieuse, ils se sentaient gais, légers, rieurs, s’amusaient des plaideuses assises le long des banquettes dans les couloirs sonores, se levant pour courir après les avocats ; puis on plaisantait sur les confrères affairés qui s’entrecroisaient, se hâtaient vers l’audience. Quelquefois, Louise Pernette passait en robe, pressée, anxieuse, cherchant quelqu’un ; et, la minute suivante, c’était Maurice Servais qui sortait mélancolique de la galerie Saint-Louis où il n’avait pas retrouvé sa gentille amie.

Au vestiaire, Henriette voyait les stagiaires Jeanne de Louvrol et Marie Morvan, si timides qu’elles ne pouvaient se décider à plaider, malgré les objurgations de mademoiselle Angély, qui aurait voulu le Palais plein d’avocates. Soudain, un bruissement de jupe, des frou-frous de soie faisaient se détourner les avocats en bras de chemise, qui enfilaient leur toge, alignés contre les armoires, et Isabelle Géronce, majestueuse et