Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/147

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Cependant l’annonce de cette maladie se répandait au Palais, avec ce nom tragique de diphtérie qui émeut plus particulièrement qu’un autre ; et, après la fin des audiences, de quatre à cinq heures, c’était un défilé ininterrompu de confrères traversant en hâte la place Dauphine pour prendre des nouvelles. Louise Pernette arriva la première, atteinte dans sa sensibilité de fiancée, plaignant son amie, les yeux humides de larmes. Maurice Servais venait deux fois par jour, véritablement anxieux, avec cette sincérité dans l’amitié qu’on possède à vingt ans. Le secrétaire de Ternisien passait aussi quotidiennement ; madame Martinal vint à son tour, mais le seul mot de diphtérie la faisait frémir à cause de ses trois petits chéris, et elle s’arrêtait à la loge du concierge, avec la peur, eût-on dit, de frôler les murailles, frissonnante dans cette maison où elle croyait revivre sa propre douleur. Puis, c’étaient encore monsieur et madame Clémentin, toujours obséquieux, Blondel ou son secrétaire ; puis, Lecellier, qui, briguant le bâtonnat, montrait de la sympathie à tout le monde ; mademoiselle Angély, qui, au retour de sa colonie pénitentiaire d’Ablon, accourait place Dauphine ; madame Surgères, l’avocate féministe, qui se présentait en évangéliste pour soutenir sa sœur malheureuse, lui prêcher la force d’âme et la nécessité de vivre malgré tout, pour la cause. Isabelle Géronce écrivit un billet parfumé, et tous les stagiaires, un