Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en passionnée que la fidélité à ses idées n’embarrassait guère, le succès de la petite Vélines ? il se retourne contre le féminisme, tout simplement. Savez-vous ce qu’il prouve ? Il prouve que lorsqu’une de nous parle un peu proprement, le monde judiciaire reste bouche bée. Cet étonnement n’est pas à l’honneur du sexe, avouez-le !… André Vélines est bien supérieur à sa femme. Je l’ai admiré plus d’une fois, et je vous garantis que, plaidant pour madame Marty, il n’aurait peut-être pas tenu la barre aussi longtemps que notre jeune amie, mais, avec moins de délayage, il aurait servi des arguments plus substantiels. Cependant personne n’en aurait témoigné de surprise ; personne n’aurait songé à s’en émerveiller… Tout cela pour en venir à ceci : Vélines est un garçon très fort, on estime la chose toute naturelle, sa femme a prononcé une plaidoirie assez présentable, mais fignolée pendant six mois et plus riche de forme que de fond cela devient du délire. Un homme aurait parlé comme elle, nul n’y aurait pris garde.

Alors toutes se récrièrent et protestèrent à la fois. Madame Surgères, reprochan’ce « lâchage » à son amie si féministe naguère, proclamait que le talent d’Henriette égalait pour le moins celui de Vélines. Mademoiselle Angély, au contraire, trouvait à chacun des deux époux des dons différents, restituait la force au mari, mais accordait à leur jeune confrère une délicatesse pénétrante,