Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/209

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Louise seule. Mais, voyant que leur grande confrère disait quelque chose, toutes Jes autres se turent pour l’entendre. Elle avait le visage couperose des blondes qui furent trop fraîches, trop délicates. Ses cheveux, sans couleur maintenant, se partageaient sur sa tête en deux bandeaux ondulés, à la mode d’il y a trente ans. Et dans ce visage de vieille femme deux yeux clairs, d’une expression singulièrement douce, mettaient une impérissable beauté. Elle se leva, et dit alors tout simplement :

— Buvons le thé chaud, mes enfants.

Et elle les servit dans les tasses que ces dames se distribuaient. Toutes étaient debout, leur soucoupe à la main, entourant le guéridon ; mademoiselle Angély s’évertuait à étendre le beurre sur les rôties. Henriette attendrie, l’observait, si franche, si empressée dans sa réception affectueuse, mettant une intention de bonté dans le geste le plus banal. Cependant mademoiselle Angély, préparant toujours de nouvelles tartines, poursuivait son idée :

— Oui, mesdames ; il en est une parmi vous que je ne nommerai pas, et qui me cause bien de la peine : elle n’aime plus notre profession et voudrait la quitter.

Toutes s’avisèrent qu’il s’agissait d’une des petites stagiaires ; et l’on regarda Marie Morvan, à propos de qui des bruits de retraite avaient déjà couru. Elle avait de belles dents gourmandes