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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/208

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Louise baissa la tête, les yeux brillants de larmes. La présence de madame Géronce, dont elle n’ignorait pas l’empire sur son fiancé, mettait la jeune fille au supplice. Il y avait sous son attitude fière le plus affreux découragement. Elle faisait avec son amie Vélines, heureuse, aimée, fêtée, un contraste navrant. C’était la fille d’un officier sans fortune, en garnison dans l’Est. Quatre ans plus tôt, elle était venue bravement, toute seule, faire son droit à Paris. Elle aussi avait connu tous les rêves, ceux de l’amour et ceux de la gloire. Mais aujourd’hui son ami la trahissait. Sa timidité d’enfant à la fois volontaire et craintive la desservait dans son métier. Elle était d’une belle intelligence, posée, raisonneuse et droite. Peu de stagiaires possédaient comme elle leur code, et elle comptait, pour l’esprit, parmi l’élite de sa colonne. Néanmoins elle ne réussissait pas, et l’échec du procès Leroy-Mathalin, qu’elle venait de perdre à la cour, lui avait enlevé ses dernières énergies. Mademoiselle Angély, sa confidente, qui connaissait sa lassitude et ses velléités d’abandonner la carrière, la travaillait depuis quelques jours. Elle reprit, avec son extraordinaire ascendant :

— Des adolescents se noient dans le vice, les mains ne se tendent pas vers eux « Les petits enfants ont demandé du pain, et il n’y eut personne pour le leur rompre », dit l’Écriture.

Elle parlait très bas, mystérieusement, pour