Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/220

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l’accueillit, et il y eut un froid dans le cabinet de mademoiselle Angély, qui dit seulement :

— Vous m’étonnez, madame Clémentin.

Ce fut assez. Le ragot était jugé. Personne n’y avait cru. Tout le monde adorait Fabrezan ; et quand, juste à ce moment, Henriette Vélines prit congé, en se disant un peu fatiguée, on s’imagina que, grande admiratrice du bâtonnier, son vieil ami, elle partait en manière de protestation

Dès qu’elle eut disparu, on reparla de Vélines Isabelle Géronce déclara qu’il était déjà décoratif comme un bâtonnier.

— Bâtonnier il sera ! prédit mademoiselle Angély ; il a ce qu’il faut pour cela : la distinction et l’autorité.

— Et le talent, ajouta madame Martinal.

— Oh ! ça, c’est un agent superflu ! dit méchamment madame Clémentin.

Toutes riaient, mais pas une ne doutait que Vélines ne fût un jour le chef de l’Ordre. À trente-quatre ans, il avait déjà brûlé les étapes comme les avocats prédestinés. On l’enviait un peu ; cependant ces dames lui reconnaissaient presque du génie depuis que sa femme avait tant de succès.

Les deux féministes sortirent ensemble. Madame Clémentin se retira ensuite. Puis ce furent les deux petites stagiaires ; enfin madame Debreynes. Il ne resta plus, dans la pièce attiédie par ce long séjour de dix personnes vives et ani-