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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/221

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mées, que la maîtresse de maison entre Louise Pernette et madame Martinal.

Alors elles se sentirent en intimité. La jeune veuve parla de ses enfants. L’aîné, qui allait depuis la rentrée à Charlemagne, avait été premier en histoire et géographie. Elle était bien heureuse ; néanmoins elle restait inquiète pour son hiver. Elle n’avait pas grand’chose à faire depuis quelque temps : or elle ne possédait pas seulement trois mille francs d’avance. Si, par hasard, la chance allait tourner, que deviendrait-on dans le pauvre petit appartement du quai de la Mégisserie ?… Et mademoiselle Angély s’essuya furtivement les yeux quand madame Martinal avoua que son grand Pierre, qui atteignait dix ans, s’inquiétait de ses soucis domestiques, demandant chaque soir, quand il revenait du lycée : « As-tu un procès nouveau, maman ?… » Hélas ! voilà bien des jours qu’il fallait dire non. Parfois elle l’entendait pleurer dans son lit, assez avancé déjà pour comprendre les difficultés de leur existence précaire, trop petit pour y penser sans effroi.

— Allez voir le bâtonnier, conseilla mademoiselle Angély.

— Ah bien, oui ! Fabrezan !… pour qu’il me fournisse encore des clientes du genre de madame Faustin, dont je plaide le procès en séparation, de vendredi en huit, à la quatrième chambre… Oh ! un amour de femme, assurément, mais dans une dèche noire, cent fois plus pauvre que moi »