Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/229

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On dressait des robes de baptême interminables, et des culottes pareilles à des mouchoirs de poche. Puis ce fut le déroulement des broderies, les guirlandes de plumetis, la scie ondoyante des festons, toute une floraison neigeuse dessinée à l’aiguille le long des bandes souples. L’aïeule au teint de citron, aux cheveux d’un noir d’encre, allait toujours au plus beau, au plus luxueux, mettant son orgueil héréditaire jusque dans les langes du dernier-né de sa race, pendant qu’Henriette, rêveuse, — si jeune et si fraîche que les demoiselles de magasin hésitaient à la croire la maman du bébé, — devant toutes ces vagues formes de petit enfant imaginait mieux le sien, telle qu’elle l’aurait un jour, vivant et palpitant dans ses bras.

Mais soudain, précipitamment, elle regarda sa montre, et, se levant, elle s’écria :

— Vite, vite ! il faut que je rentre, grand’mère !…

Madame Mansart s’étonnait.

— Et ma consultation ! reprit l’avocate ; je vais trouver mon salon plein, si je rentre en retard.

— Baste ! votre mari vous chipera quelques clients, ma fille.

La jeune femme ne l’entendait pas ainsi : il fallut remonter en voiture. « Non ! non ! c’était elle qu’on voulait. Oh ! certainement, André la valait dix fois pour le sens des affaires et la sûreté des conseils. Mais quoi ! depuis ce fameux