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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/231

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et j’ai sauvé du divorce bien des petits ménages où l’on ne demandait qu’à s’embrasser après un malentendu… Grand’mère, grand’mère, ne médisez point des avocates ! Si vous saviez l’action que peut avoir, dans certains cas passionnels et poignants, une simple petite femme comme moi, grâce à la toque !

On était arrivé : le fiacre s’arrêta. Madame Mansart restait silencieuse. Toutes deux descendirent. Le triangle de la place Dauphine s’élargissait sous un crépuscule brumeux de décembre, jusqu’à la façade monumentale du Palais qui en forme la base, avec son grand escalier blanc, sa rangée de statues géantes, ses trois portes grecques au linteau plus étroit que le seuil, ses entablements rigides et les ferronneries du faîte à jour sur le ciel incolore. Les vieilles maisons fuyaient à gauche en ligne oblique. À droite, les arbres en quinconces, maigrelets et dépouillés par l’hiver, mettaient à la tombée de la nuit, comme un fantôme de petit bois désert en plein Paris. La maison des Vélines se dressait, imposante. Les fenêtres du salon d’attente apparaissaient illuminées. Dès l’entrée des deux femmes, le valet de chambre dit :

— Il y a déjà cinq dames qui ont demandé madame ; elles attendent.

— C’est bien, c’est bien… Je prend le temps d’ôter mon chapeau…

Madame Mansart l’observait, si naturelle en