Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/232

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sa jeunesse rieuse. Depuis le matin, cette petite épouse de son André grandissait, grandissait doucement à ses yeux, acquérait une importance évidente, devenait un personnage que n’écrasait nullement la proximité de l’immense Palais de Justice où elle commençait à régner. Henriette n’en tirait aucune vanité, disant les choses comme elles étaient, quand il le fallait, ne les disant certes pas toutes. Mais bientôt, de sa chambre, la vieille dame entendit résonner, en coups répétés, le timbre de la porte. Vélines recevait dans son cabinet, Henriette dans le sien. Troublée, madame Mansart s’en fut, sous prétexte d’un conseil de ménage, à la cuisine, où la cuisinière aidait son mari au nettoyage de l’argenterie. S’adressant à l’homme, elle dit habilement :

— J’espère que monsieur en reçoit du monde, hein, Narcisse ?

— Pour sûr, madame !… mais madame Vélines, c’est encore pire !… Elle en renvoie, des fois !… C’est censément rien que des personnes bien. Et quand je leur dis, rapport à l’état de madame, que madame a trop de monde, et qu’elle les prie de voir monsieur en son lieu et place, va te promener, ça ne prend pas !… « Non, qu’elles me répondent, nous venons pour parler à madame Vélines, pas à un autre avocat !… » Et elles préfèrent sans aller. C’est comme qui dirait une mode.

La grand’mère darda un moment ses yeux de braise sur le lourdaud et dévoué garçon :