Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/248

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— Peu importe maintenant, pourvu que vous m’écoutiez ! dit la vieille avocate avec cette force des gens que domine l’idée fixe.

Fabrezan s’étant assis à son petit bureau, un peu en retrait de l’unique fenêtre, dans l’ombre, où sa belle figure du grand siècle trouvait un fond harmonieux. Il dit, en remontant ses manches sur ses poignets de chemise glacés :

— Allons, je devine ce dont il s’agit. C’est l’entrepreneur d’Ablon qui présente sa note de fin d’année, ou le boucher qui refuse de nouvelles fournitures. Il vous manque cinquante mille francs pour être parfaitement heureuse, et vous venez chercher cinq louis pour assurer la moralité de vos cent soixante-cinq pupilles ?

Avec son scepticisme de procédurier sexagénaire, il ne donnait pas beaucoup dans les utopies de l’avocate ; cependant il restait un des bienfaiteurs les plus généreux de l’œuvre, trouvant toujours plus facile d’ouvrir son portefeuille que de gâter par un refus l’une de ses amitiés les plus chères.

— J’accepte toujours les cinq louis, dit gravement mademoiselle Angély ; mais j’étais venue pour tout autre chose. Fabrezan, il y a un scandale dans l’Ordre, et je crois que vous avez le devoir de ne pas fermer les yeux plus longtemps sur ce qui se passe.

— Un scandale dans l’Ordre ? répéta-t-il, incrédule.