Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/250

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stagiaires. L’un de vous a déclaré que ceux-ci ne devraient point contracter mariage sans l’assentiment du chef de l’Ordre. Aujourd’hui, ce qui nous occupe s’accomplit dans le palais même, et justement au sein de l’Ordre.

Le bâtonnier, pâle et furieux, se mit tout debout, et, secouant ses grandes manches :

— Eh ! c’est précisément là ce qui m’horripile… Ah ! nous devions bien nous attendre à ce qui nous arrive, le jour où l’on a permis aux femmes l’accès du barreau. Depuis huit cents ans que notre confrérie existe, n’a-t-elle pas traversé les époques les plus agitées de l’histoire avec la sérénité d’une association d’hommes, la plus cohérente, la plus grave, la plus vénérable, sans une éclaboussure, sans une tare ? Et, au bout de ce temps il a fallu que, presque malgré nous, des féministes entreprenantes, empruntant jusqu’à notre costume, vinssent de haute lutte se glisser dans nos rangs. Oh ! cela n’a pas été long, vous voyez. Pour quelques chignons sous la toque aussitôt la confrérie abandonne tout son caractère viril, le désordre naît, le trouble commence… Qu’avions-nous besoin de toutes ces femmes ?

— Fabrezan, Fabrezan, vous oubliez que vous vous adressez à moi.

— Eh ! non, ma bonne Angély, ce n’est pas pour vous que je parle. Vous êtes bien moins une avocate, vous, qu’un saint Vincent de Paul en jupons. Quel que fût votre métier, eussiez-