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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/251

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vous ramassé des chiffons, vous auriez fait des miracles de charité, et, du bout de votre crochet, sauvé des enfants perdus. Je parle pour celles qui viendront, comme cette sacrée Géronce, débaucher nos stagiaires sous le nez même de la Justice… Et qui nous dit, à présent que voici la carrière ouverte aux femmes, si les intellectuelles « de mœurs libérées ». comme elles s’intitulent, n’ambitionneront pas toutes une profession où elles traiteraient si aisément en camarades les jeunes hommes de l’élite parisienne ?

Mademoiselle Angély hocha la tête :

— Les Géronces sont rares parmi les intellectuelles, cher ami : le travail inculque aux femmes le sérieux et la dignité. Celles qui entreront au barreau, loin de diminuer votre Ordre, le rehausseront par une tendresse envers les opprimés.

Du coup, il éclata :

— Que me chantez-vous là ? Une tendresse envers les opprimés ! Ne dirait-on pas que l’Ordre vous attendait, vous autres, pour fournir des preuves de générosité, de charité, de dévouement ? Je sais bien qu’il y a parmi nous quelques canailles, beaucoup d’indigents moraux, une multitude de médiocres, mais, tout de même, quand il s’est agi de trouver de grands courages civiques, ou du désintéressement absolu, n’est-ce point chez nous qu’on est venu les chercher ? Depuis de Sèze affrontant la Convention, ou le jeune Berryer assistant le maréchal Ney, jusqu’au