Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/261

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s’étonnait, s’indignait sourdement ; sa voix s’altéra quand elle répondit enfin :

— Le secrétaire d’André ?… le secrétaire d’André ?… mais alors, toutes mes affaires personnelles ?… Je n’aurai plus d’affaires personnelles, je n’aurais plus au Palais mon existence indépendante ? Je ne serais plus quelqu’un par moi-même ? rien que la subalterne d’André, occupée à débrouiller ses besognes ?

Depuis quelque temps, elle commençait à éprouver devant la vieille dame cette inexprimable petite irritation que finit par causer à une jeune épouse la présence prolongée à son foyer d’un tiers revêtu d’autorité. Toutefois, c’était entre elles deux la première escarmouche. Henriette se tourna vers son mari, l’implorant des yeux, espérant qu’il allait prendre la défense de sa liberté, de son individualité, contre le despotisme de l’aïeule. Mais Vélines, blessé par cet éclat d’insubordination que n’avait pu réprimer sa femme, lui repartit :

— Alors tu ne serais pas heureuse de m’aider à faire mon chemin ? de partager mes travaux, de collaborer étroitement avec moi ?

— Si j’étais libre, mon chéri, tu sais que je ne demanderais pas mieux ; mais j’ai, moi aussi ma carrière que je veux poursuivre jusqu’au bout. On ne peut vraiment pas m’imposer le renoncement à un métier où je ne parais pas réussir trop mal, jusqu’à présent… Si André a