Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/262

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trop de causes, qu’il m’en passe quelques-unes ; je les plaiderai quand mon bébé sera né : seulement, qu’il me les confie tout à fait, non pas comme à un secrétaire qui vous décharge des corvées ennuyeuses, mais comme à un confrère qui prend le procès à son compte. Je puis faire mieux que d’être l’auxiliaire de mon mari.

Elle s’adressait maintenant à la grand’mère, dont elle découvrait, tout d’un coup, l’état d’âme. Mais André, dont elle se croyait secrètement approuvée, dut recevoir chacun de ses mots comme autant d’offenses, car tout son visage contracté exprima soudain une souffrance indicible. Il ne prononça pas une parole. Henriette insista de nouveau, avec sa belle foi dans l’égalité de leurs attributions :

— Moi aussi, j’ai beaucoup à faire : cependant il ne me viendrait jamais à l’idée d’humilier André en lui proposant d’être mon secrétaire. Pourquoi serais-je sacrifiée plus aisément ?

— Elle a raison ! dit brutalement le jeune homme. Mais il ne desserra plus les lèvres de tout le

repas. Et, plus tard, chaque fois qu’Henriette voulut revenir sur cet épisode qui l’avait vivement affectée, son mari l’arrêtait :

— Non, je t en prie, ne parlons plus de cela. Ma grand’mère a commis là une maladresse de vieille femme. Toi-même, tu as été cruelle, tu m’as bouleversé. C’est un mauvais souvenir pour moi. Oublions-le.