Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/272

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des avocates s’arrangèrent pour venir l’entendre. Il y eut une stupeur dans la salle quand le président en énonça les termes. Le premier jugement était cassé. Le jeune Alembert était confié à son père. Sa mère le verrait chaque semaine, soit chez elle, soit au lycée où il pourrait être interné.

Vélines devint fort pâle. Au bout du banc, les petites stagiaires l’observaient curieusement : alors il se ressaisit et distribua quelques poignées de main à la sortie, en s’affligeant surtout, disait-il, du coup terrible qui allait être porté à sa cliente…

Chez eux, Henriette l’attendait à la porte du petit salon blanc.

— C’est fini, lui dit-il tranquillement, j’ai perdu.

Elle ne pouvait le croire. Elle ne disait rien. Ses yeux attristés regardaient dans le vague, et André se demandait : « Que pense-t-elle ?… Quel parallèle va-t-elle établir entre elle et moi ?… »

Au bout de quelques secondes, elle murmura tendrement :

— Pauvre chéri ! j’ai du chagrin pour toi.

— Pour moi ! s’écria-t-il, pour moi !… Est-ce qu’un avocat est discrédité pour avoir perdu un procès ?

Et il affecta d’être fort enjoué, plus qu’il ne convenait même, au moment d’aller apprendre à la malheureuse mère son malheur. Par délicatesse, Henriette voulut se charger de la mission. Vélines fit deux ou trois courses d’affaires : il fut