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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/271

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tout une sûreté de soi qu’il n’aimait pas. Elle lui avait communiqué ses notes de plaidoirie du premier procès, mais il refusa de s’en servir. Même, afin d’être plus personnel, il négligea pour de nouveaux arguments les éléments de discussion qu’avait choisis Henriette : sans doute, il plaiderait la dignité, la noblesse d’âme de sa cliente ; mais, allant plus loin que sa femme, il invoquerait audacieusement le principe féministe qui réclame uniformément, dans tous les cas de divorce, les enfants pour la mère.

Il n’eut qu’un public restreint, mais toutes les avocates furent là, passionnées pour ce qui demeurerait toujours « le grand procès de madame Vélines ». C’était à la femme qu’elles pensaient en écoutant le mari. Il les charma néanmoins en parlant, tant il y eut de littérature délicate et d’artifices dans sa plaidoirie. Fabrezan avait été classique ; lui fut plus varié, plus imprévu, avec une pointe de fantaisie il fît une profonde impression sur toutes ces dames. La première chambre de la cour, lumineuse et dorée, avait une grande élégance. On se rappelait la prestation de serment d’Henriette, qui avait fait tant de chemin depuis ! C’était dans ce même prétoire. Quelle délicieuse recrue le barreau faisait ce jour-là, mais qui aurait alors prédit la célébrité de cette jeune fille ? Et ainsi Henriette, quoique absente, était encore là dans l’esprit de tout le monde… L’arrêt ne fut rendu qu’à huitaine. La plupart