Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/288

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intellectuelle, j’étoufferais son talent !… au nom de quoi ?

Madame Mansart laissa cette flamme s’abattre. Puis elle dit :

— Si dans le ménage tu préfères tenir le second rôle, à ton aise, mon enfant !… Seulement à mon sens, ce n’est point le fait de l’homme.

— Il n’y a pas de rivalité entre nous, repartit vivement André, et nous ne nous disputons pas le premier rôle. Nous nous aimons. Chacun de nous se cultive le plus possible, et voilà !

— Et si ta femme t’éclipse, un jour, tu te déclareras enchanté, sans doute ?

— Je ne suis pas envieux des succès d’Henriette.

— Ce n’est point, pour un homme, envier les succès de sa femme que de se cabrer un peu à l’idée de paraître nul auprès d’elle. On t’appellera le mari de madame Vélines !

Il se souvint que le mot avait été prononcé par une dame dans le tambour de la onzième chambre. Un coup de colère le fit sursauter :

— Pourquoi ? pourquoi ?… Qu’ai-je de ridicule ? … Ma femme a son talent ; j’ai le mien, avec sa virilité, son éducation classique, sa force. Dans quelle mesure suis-je humilié par les succès d’une femme ?

— Je n’entends pas brouiller votre ménage, mon enfant, répliqua délibérément madame Mansart, mais moi, je ne mâche pas mes mots