Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/289

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et j’aime qu’on voie clair dans son cas. Ta femme est en passe de briser ton avenir, ni plus ni moins, grâce à sa petite gloriole… Oui, oui, la mode est aux femmes ; on les encense, on se pâme à leurs vers, à leurs tableaux, à leurs romans, à leur science. On vient de découvrir leur intelligence ; on les a inventées ! La belle affaire ! Des femmes capables, sensées et voyant loin, il y en a toujours eu, mon petit. Seulement, elles n’avaient pas la rage de se produire au dehors. Oh ! il faut convenir que ça bouleverse un monde, un mouvement pareil, et le mariage devient difficile. Le tien a introduit à ton foyer une rivale. Tu souris parce que tu te sais bien supérieur à elle. N’importe, sa condition de femme en fait un jeune phénomène près duquel pâliront toutes tes gloires. Prends l’exemple de madame Duzy, cette romancière dont tout le monde parle : qui donc connaît monsieur Duzy ? Monsieur Duzy est un pauvre homme, sans doute… Or, Duzy a été ton condisciple au lycée, et tu l’as jugé naguère. Il est devenu un des premiers ingénieurs de l’État, et les romans de madame Duzy iront aux vieux papiers alors que les ponts que construit son mari étonneront encore nos petits-enfants. Mais quoi ! Duzy n’est qu’un homme, et l’on raffole des histoires qu’imagine sa femme : tout son malheur est là. On l’ignorera tant qu’il vivra… Duzy ? mais il n’existe pas… Bon Dieu ! quel