Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

malgré tout. Et je vous propose ceci qui me tire d’embarras et vous rendra service, car vous êtes surmenée : nous lions nos destinées et nos cabinets ; je viens ici quotidiennement jouer mon rôle de modeste collaboratrice ; je débrouille les affaires, j’établis les dossiers, je fournis les notes de jurisprudence, je reçois les clients à votre place, j’écris vos lettres, et à l’occasion, je vous broche une plaidoirie, s’il s’agit d’une cause sans importance. Résultat : vous vous reposez, vous avez le loisir d’aller à votre gré bécoter bébé dans son berceau ; avec les appointements que vous m’allouerez pour ma tâche, j’élève ma nichée… Et encore je ne compte pas l’aubaine d’un procès glané de temps en temps parmi les femmes de chambre de vos clientes, qui ne pourraient pas se payer madame Vélines… Ça va, dites ?

Henriette, séduite, réfléchit. Un instant, la pensée lui vint de consulter André avant l’arrangement définitif. Puis cette concession aux principes de servage conjugal lui parut au-dessous d’elle. Pourquoi recourir aux lumières de son mari, elle près de qui, de tous les points de la grande ville, on venait chercher des avis ? Avoir un secrétaire ! Cette imagination la charma puérilement. Avoir un secrétaire, comme Fabrezan !…

Et l’on choisit le jour où s’inaugurerait cette collaboration. L’enivrement où vivait Henriette, et que chaque hommage accroissait, l’aveuglait parfois. Elle ne vit pas, sous l’enjouement de la