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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/331

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Un escroc qui a contre lui toute la société n’est plus qu’une victime, il devient intéressant.

— Ô subtilité du cœur féminin ! chuchota Vélines.

Au dessert, il dit à sa femme, négligemment :

— J’ai fait, cette après-midi, une petite acquisition.

Et comme elle demandait ce que c’était.

— J’ai acheté une auto. J’ai aussi trouvé un très bon mécanicien : c’était celui de Lecellier…

— Une auto ? répétait-elle, suffoquée, une auto ?… Tu avais besoin d’une auto ?

— Il y a longtemps que j’en avais besoin, dit Vélines âprement.

— Sans m’en parler, tu as fait cela ? murmura-t-elle avec chagrin.

— Ma chère, déclara le mari très froid, je t’ai passé le secrétaire : je compte que tu me passeras la voiture.

Dès lors, André Vélines se livra au travail avec une sorte d’exaspération. On eut une fin de juillet ardente et sèche. Il régnait dans les couloirs du Palais, peu à peu désertés, une fraîcheur agréable. Aux audiences, le public s’assoupissait doucement pendant les plaidoiries ; les juges bâillaient ; les substituts, renversés dans leurs stalles, le cou tendu, étouffaient sous leur robe