Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/332

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légère. L’huissier ouvrait les fenêtres. On apercevait les oriflammes des grands magasins claquant au vent d’orage, de l’autre côté de la Seine.

Vélines était accablé de besogne. Il acceptait les plus petites causes, par principe ; il défend il gens de peu, céda même à madame Gévigne, la plaideuse misérable de Vaugirard, qui lui apporta, en lui offrant cinq louis, un procès intenté à son concierge, à propos de lettres anonymes. Un peu plus, et il aurait plaidé d’office. Il aurait voulu parler dans toutes les chambres à la fois, tenir toutes les barres, sauver toutes les situations opérées, et qu’on n’entendit que sa voix dans le Palais. Et il dépensait autant de talent pour défendre une marque d’épingle à cheveux que pour disputer cinq cent mille francs à une grande compagnie financière. Il passait des nuits à ciseler des phrases, à disséquer un texte du code, à découvrir le nœud subtil d’une complication. Le jour, il courait Paris dans son auto. Sur les chaussées libérées par l’été parisien, sa machine filait avec une trépidation douce, et il semblait à son corps lassé qu’elle participait de sa fièvre, de sa fougue, de son furieux élan vers la gloire.

Il allait à Passy. Les racontars n’avaient pas menti : madame Marty était fort souffrante. Elle avait eu des hémoptysies au printemps, et s’obstinait à ne pas quitter la ville où demeurait son fils. Elle froissait Vélines par une rancune