Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/335

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Elle aussi, en cette fin d’année judiciaire, touchait au terme de ses forces. La nuit, son enfant la fatiguait. Le jour, les consultations ne lui laissaient aucun repos d’esprit ; les longues stations debout, au Palais, l’anémiaient. Elle plaidait encore, de-ci, de-là, et, par dessus tout, sans cesse, l’obsédait une mortelle inquiétude. Elle aspirait aux mois des vacations.

Pour la clôture des conférences, le bâtonnier fît aux stagiaires un petit discours d’adieu qui fut une merveille. Il leur parla de la justice des causes. Dans la salle de la bibliothèque, dégarnie de ses tables pour cette réunion du jeudi matin, il les exhorta, avec une ardeur mitigée d’élégance, à ne jamais accepter de plaider contre leur conscience Et il citait les grands panégyristes de l’Ordre. Loysel, la Roche-Flavin, d Aguesseau, et il y avait en lui une conviction inexprimable quand il s’écriait en agitant ses vastes manches :

— Mes chers confrères, lorsque vous serez à la barre, parlez toujours comme si votre plaidoirie devait être érigée en exemple de courage, d’honnêteté humaine…

Il eut un très beau succès.

Les « colonnes » étaient là au complet. La conférence finie, vers onze heures, toute cette