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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/340

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Henriette s’était assise en amazone sur l’appui de la fenêtre ; l’angle délicat de sa jambe relevait le linon du peignoir. Elle était très mystérieuse. André ne la regardait pas. Elle dit encore :

— Quand je fus une grande jeune fille, docteur en droit, d’autres rêves me venaient, en ces nuits-là. Je savais que les intellectuelles sont souvent peu appréciées des hommes : je redoutais la solitude et de mourir sans être aimée. J’ai pris conscience alors de mon besoin d’être aimée.

Elle finit sa phrase très sourdement, comme pour elle-même. André se releva. Henriette eut le même mouvement vif et fut debout. Ils demeurèrent l’un devant l’autre. Henriette hasarda cette phrase :

— La petite s’est bien endormie ce soir, si tu savais !… Elle a sucé son pouce, ses yeux se sont fermés et je n’ai plus rien entendu.

— Bonsoir, ma chérie, dit André en se penchant vers elle.

— Bonsoir, André.

Il la saisit aux épaules, et, en l’embrassant, s’aperçut qu’elle tremblait.

— J’ai gagne froid à cette fenêtre, expliquât-elle.

Elle fit un pas vers sa chambre, hésita, un moment, puis, se retournant vers son mari :

— Tu n’es pas triste ici… tout seul ?

— Je suis fatigué et je dors lourdement ; répondit-il.