Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/343

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

encore à cela une maladresse à laquelle Marcel ne se trompait pas.

Pendant que celui-ci passait au cabinet de toilette pour la douche, et tout le temps que l’eau ruisselait sur ses membres grêles de gamin de treize ans, le père ouvrait les livres à la page marquée. En s’habillant, Marcel devait réciter ses leçons. Et l’on apportait le chocolat dans cette pièce pour que, jusqu’au dernier instant, pas une seconde ne fût perdue.

Quels que fussent ses travaux, l’ingénieur ne manquait jamais l’heure des repas ; et il s’efforçait d’offrir à l’enfant une conversation propre à son âge. Il s’évertuait à mélanger savamment les plaisirs avec l’étude. Chaque dimanche, c’était quelque distraction nouvelle. Il surveillait les devoirs de Marcel comme un répétiteur. Et, bien qu’une vieille amie le tourmentât depuis peu à propos d’une très belle jeune fille qu’elle voulait lui faire épouser et dont la vision hantait ses sommeils de veuf, il s’obstinait à repousser l’idée d’une compagne, dans la crainte que son enfant ne souffrit de ce second mariage ; — et il voyait en cela, par une coquetterie d’âme qui lui seyait, la rançon de sa faute.

Entouré de tant de soins, Marcel demeurait énigmatique, sans abandon. Il était trop fin pour ne pas deviner la muette adoration que son père lui marquait en vain, et il en recevait l’hommage sans qu’on sut même s’il l’agréait.