Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/346

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ment, l’étouffa dans ses bras, et Marcel — enfin ! — eut une minute d’abandon, avec de grosses larmes puériles qu’il cherchait inutilement à retenir…

À quelques jours de là, l’ingénieur, guéri, passait rue Caumartin à l’heure de la sortie du lycée. En cette fraîche matinée où l’été de la Saint-Martin répandait sa mélancolie, il faisait un temps de pastel avec un ciel d’une nuance éteinte et un soleil voilé, qui prédisposait aux émotions discrètes Alembert décida de guetter son fils et de l’emmener au hasard, dans une de ces rapides promenades à deux qui le ravissaient. Les plus jeunes s’échappaient déjà de l’établissement dans une galopade, une bousculade de troupeau fou ; et il aperçut aussitôt sur des cheveux châtains qui couronnaient un front très haut, la petite casquette anglaise de Marcel. Mais il resta, une seconde, interdit devant la précipitation de cet enfant tranquille qui se perçait violemment une trouée dans la masse des autres pour les dépasser ; et quand le père essaya de se faire voir, de l’appeler, le petit filait à toute vitesse, le long des maisons, loin de lui.

Alembert hâta le pas pour le suivre. Au coin du boulevard Haussmann, Marcel s’arrêta : le père remarqua cette pause, qu’il fît en tournant la tête de droite et de gauche Qui cherchait-il ? Ce fut rapide ; il reprit sa course dans la direction de l’Opéra. À quelque distance, un coupé stationnait près du trottoir : l’enfant cogna d’un coup